Prévention et lutte contre le cyber harcèlement

Qu'est-ce que le cyber harcèlement ?

Par définition, le cyber harcèlement se caractérise par des propos ou des comportements répétés via Internet ayant pour objectif ou conséquences de dégrader les conditions de vie de la personne harcelée. Il peut à la fois entraîner une dégradation de la santé mentale et/ou physique de la victime : anxiété, dépression, isolement, angoisses, voire même suicide par exemple.

Aussi appelé harcèlement en ligne ou harcèlement sur Internet, le cyber harcèlement peut se manifester via de nombreux types de supports numériques : les réseaux sociaux, les messageries instantanées, les forums, les e-mails ou encore les sites de partage de contenus. C’est la fréquence et la teneur des propos (insultes, menaces, etc.) qui constituent le harcèlement.

Les chiffres et statistiques du cyber harcèlement en France illustrent l’ampleur du phénomène :

20%
des jeunes de 8 à 18 ans déclarent avoir déjà été confrontés à une situation de cyber harcèlement ⁽¹⁾.

Quelles qu’en soient les raisons ou les causes, le cyber harcèlement ne concerne toutefois pas uniquement les jeunes. N’importe quelle personne, quel que soit son âge ou son genre, peut en être victime.

Lire aussi : Les conséquences du cyber harcèlement pour les ados

Quelles sont les situations de cyber harcèlement ?

Quel que soit le lieu où il se produit (école, travail, etc.), le cyber harcèlement peut prendre plusieurs formes, généralement regroupées en deux grandes catégories : les cyberviolences et le cybersexisme.

Les cyberviolences

Par définition, la cyberviolence désigne toutes les formes de violences réalisées par le biais des outils numériques (Internet, téléphone portable, etc.). Par exemple, cette forme de cyber harcèlement sur Internet peut se manifester par :

• des insultes, des intimidations et/ou des moqueries en ligne ;
• la diffusion de rumeurs à l’encontre d’une personne ;
• le piratage d’un compte et/ou l’usurpation d’identité digitale ;
• la création d’un support utilisé pour nuire à un individu (page, forum, sujet de discussion, etc.), notamment via la diffusion de contenus offensants (images, textes, etc.).

Le cybersexisme et le harcèlement sexuel en ligne

Le cyber harcèlement peut aussi être d’ordre sexuel. Il peut d’ailleurs prendre plusieurs formes.

• Le cybersexisme : cela désigne les comportements et propos sexistes tenus via les outils numériques (stéréotypes de genre, injonctions concernant la sexualité ou la manière de s'habiller, etc.). Il vise à instaurer une hiérarchie entre les sexes, le plus souvent au détriment des femmes.
• Le chantage à la webcam : il se manifeste par l’enregistrement de la webcam d'une personne alors qu'elle est dévêtue ou qu'elle réalise un acte sexuel. L'auteur des faits menace la victime de diffuser le contenu si elle ne lui accorde pas une faveur (relation sexuelle, extorsion d'argent, etc.).
• Le revenge porn : cette forme de violence numérique désigne la publication et le partage de contenus (images, vidéos, etc.) à caractère pornographique sans le consentement de la personne, dans l'optique de l'humilier et/ou de se venger.
• Le slut-shaming : ce terme désigne le blâme à l'encontre d'une ou plusieurs femmes ou hommes en fonction de leur apparence, de leur orientation sexuelle ou encore de leur tenue vestimentaire.
• Le sexting non consenti : cette pratique consiste à échanger des contenus à caractère sexuel (messages, photos, etc.) par SMS ou messagerie, sans le consentement de l’autre personne.

S’il touche majoritairement les jeunes, le cyber harcèlement sexuel concerne aussi les adultes.

Lire aussi : Le lexique du cyber harcèlement

Comment réagir face au cyber harcèlement ?

Face à une situation de cyber harcèlement, le comportement à adopter dépend principalement du rôle que vous avez : victime, témoin ou proche.

Vous êtes victime de cyber harcèlement

Vous devez adopter plusieurs comportements si vous êtes victime de harcèlement sur Internet, notamment pour vous protéger et empêcher que la situation ne s’empire.

Ne répondez pas aux messages

Si vous êtes victime de cyber harcèlement, votre premier réflexe doit être de ne pas répondre aux commentaires et autres messages violents. Vous risqueriez d’aggraver la situation en y apportant une réponse ou en y montrant un quelconque intérêt.

À la place, vous pouvez restreindre l’accès à vos supports numériques (réseaux sociaux, messagerie instantanée, téléphone portable, etc.), notamment pour que les auteurs de cyber harcèlement ne puissent pas vous contacter. Il est notamment possible de :

• modifier vos paramètres de confidentialité ;
• rendre votre profil privé ;
• supprimer des contacts ;
• bloquer certaines personnes.

Parlez-en à une personne de confiance

L’un des risques du cyber harcèlement, c’est de se retrouver isolé et d’affronter seul le ou les auteurs de propos menaçants ou insultants. C’est la raison pour laquelle vous devez parler de la situation à une personne en qui vous avez confiance. Vous pouvez notamment vous adresser :

• à un membre de votre famille (parents, conjoint, frères, sœurs, etc.) ;
• à un ami, tel qu’un camarade de classe par exemple ;
• à une personne d’autorité, tel qu’un adulte de l’école ou un supérieur au travail.

Conservez les preuves

Dans la mesure du possible, tâchez de rassembler des preuves du cyber harcèlement dont vous faites l’objet. Vous pouvez notamment :

• conserver les messages violents ;
• faire des captures d’écran ; 
• enregistrer les images violentes sur votre téléphone ;
• conserver les messages audio que vous avez reçus.

Tous ces éléments pourront vous aider à prouver le cyber harcèlement dont vous êtes victime et éventuellement à porter plainte.

Signalez les contenus ou comportements inappropriés

Si vous êtes victime de cyber harcèlement sur Facebook, Instagram, TikTok ou sur d’autres réseaux sociaux, vous pouvez signaler les auteurs des faits pour que les plateformes prennent les mesures appropriées. Vous pouvez notamment procéder à ces signalements via les liens suivants :

• signaler sur Facebook ;
• signaler sur X (anciennement Twitter) ;
• signaler sur Snapchat ;
• signaler sur Instagram ;
• signaler sur LinkedIn ;
• signaler sur TikTok ;
• signaler sur WhatsApp ;
• signaler sur YouTube.

Les propos ou contenus offensants peuvent également apparaître sur les moteurs de recherche. Dans ce cas, vous pouvez demander à déréférencer les publications vous portant atteinte en remplissant un formulaire en ligne. Vous pouvez notamment procéder à ce signalement via les liens suivants :

• signaler sur Google ;
• signaler sur Bing ;
• signaler sur Qwant ;
• signaler sur Yahoo.

Enfin, vous pouvez signaler le cyber harcèlement aux autorités, notamment si vous êtes victime d’injures, de diffamation, de menaces ou encore de discrimination en ligne. Pour cela, utilisez la plateforme Pharos.

Vous êtes témoin d’une situation de harcèlement en ligne

Quel que soit l’objet du cyber harcèlement (chantage, cybersexisme, porn revenge, etc.), vous devez signaler les faits de violence numérique si vous en êtes témoin. Pour cela, vous pouvez vous rapprocher d’une personne de confiance et/ou réaliser un signalement auprès des plateformes concernées ou des autorités. Votre témoignage peut d’ailleurs être précieux pour aider la victime et faire cesser la situation au plus vite.

N'hésitez pas non plus à apporter votre soutien et votre écoute à la victime afin qu’elle sache qu’elle n’affronte pas la situation seule. En revanche, ne répondez pas aux messages ou aux commentaires des auteurs des faits : même si votre intention est de défendre la victime, vous risqueriez d’aggraver la situation.

Lorsqu’on est parent, il n’est pas toujours facile de savoir comment réagir face au cyber harcèlement. Face aux différents types de violences numériques, vous devez toujours signaler la situation aux personnes compétentes pour la faire cesser. Pour cela, vous pouvez notamment contacter :

• le personnel de l’établissement scolaire (directeur, professeurs, conseiller d’éducation, etc.) ;
• le rectorat en l’absence de réaction de l’établissement ;
• les autres parents d’élèves ;
• les forces de l’ordre.

Vous pouvez également accompagner la personne victime de cyber harcèlement dans toute éventuelle procédure judiciaire, notamment pour porter plainte auprès de la gendarmerie ou de la police.

Les sanctions en cas de cyber harcèlement

Le cyber harcèlement est puni par la loi : selon l’âge de la victime et de l’auteur des faits, il peut être sanctionné de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende ⁽²⁾.

Les peines en cas de cyber harcèlement

Du point de vue de la loi, le cyber harcèlement est une circonstance aggravante du harcèlement lorsqu’il est « commis par l'utilisation d'un service de communication au public en ligne » comme le dispose l'Article 222-33-2-2 du Code pénal. Pourquoi ? Tout simplement car Internet a un effet démultiplicateur dans la mesure où il permet de partager très rapidement un contenu offensant.

Les peines et autres amendes en cas de cyber harcèlement vont varier selon l’âge de la victime et de l’auteur des faits, comme vous pouvez le voir dans le tableau ci-dessous.

Vous pouvez porter plainte pour cyber harcèlement :

• sur place auprès de la gendarmerie ou de la police ;
• par courrier en écrivant au procureur de la République du Tribunal judiciaire du lieu des faits ou du domicile de l'auteur des faits.

Lors de votre dépôt de plainte, pensez à fournir toutes les preuves de cyber harcèlement en votre possession (captures d’écran, enregistrements audio, vidéos, etc.).

La prévention constitue la principale solution contre le cyber harcèlement. En la matière, ce sont les adultes – dont les parents et le corps éducatif – qui se doivent d’adopter les bons comportements pour éviter la survenance de toute forme de violence numérique.

Au quotidien

Les parents sont les principaux acteurs de la prévention du cyber harcèlement : ce sont d'ailleurs les premiers adultes à apporter des conseils en ce qui concerne la sécurité sur Internet ⁽³⁾. Vous pouvez apporter votre aide à votre enfant en faisant preuve de pédagogie, et ce, de plusieurs façons :

• expliquer le fonctionnement des outils numériques, notamment en matière de confidentialité ;
• familiariser votre enfant aux bons usages des supports digitaux (liberté d’expression, respect, etc.) ;
• apprendre que les actions numériques ont des conséquences réelles, tant sur la victime que d’un point de vue pénal ;
• installer le contrôle parental et restreindre l’usage des outils numériques selon l’âge de votre enfant (téléphone portable, réseaux sociaux, etc.) ;
• favoriser un climat permettant le dialogue, notamment pour que votre enfant vous parle de toute situation violente dont il est témoin ou victime ;
• apprendre à repérer les signes pour détecter si votre enfant est un harceleur.

Bon à savoir : à la Macif, vous disposez de la plateforme juridique gratuite MacifJuris pour bénéficier d'une aide juridique en ligne.⁽⁴⁾

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À l'école

Très souvent, le cyber harcèlement trouve ses origines dans le milieu scolaire. L’ensemble du personnel éducatif – et plus globalement l’Éducation Nationale – a donc une responsabilité pour éviter ces situations de violence numérique. Ce rôle de prévention peut d’ailleurs se matérialiser de plusieurs manières :

• écouter les enfants et/ou les parents rapportant des faits de harcèlement ;
• faire preuve de pédagogie sur les sanctions et les conséquences du cyber harcèlement ;
• encourager les bonnes pratiques pour limiter les risques liés à l’usage des outils numériques ;
• diffuser les messages et campagnes de sensibilisation au cyber harcèlement (vidéos de prévention, guides, ateliers, affiches, etc.) réalisés par les pouvoirs publics.

Vous êtes victime ou témoin de cyber harcèlement ? Le 3018 est le numéro d'appel unique pour signaler toute situation de harcèlement à l'école et/ou de cyber harcèlement subi par des mineurs.

Ce numéro vert contre le cyber harcèlement est disponible 7j/7 de 9h à 23h (appel et service gratuits). Anonyme et confidentiel, ce service vous permet de signaler toute situation suspecte et d'être mis en relation avec des professionnels (psychologues, juristes, experts numériques, etc.). Il peut aussi vous aider à supprimer des contenus présents sur les réseaux sociaux et vous accompagner dans vos démarches pour faire valoir vos droits.