Finance durable
La finance responsable, une histoire de conviction… et de performance
Derrière l’investissement socialement responsable (ISR), qui vous permet de vous engager avec votre épargne, se trouvent des fonds ISR, et derrière ces fonds, se trouvent des gérants. Ni philanthropes, ni traders, ils ont la conviction que la finance responsable et durable joue un rôle majeur dans les grands défis environnementaux et sociaux qui se posent. Nous sommes allés à la rencontre de trois d’entre eux afin qu’ils nous parlent de leur fonds et de leurs convictions.
Publié le 25 mars 2024
Béryl Bouvier Di Nota, gérante du fonds Ofi Invest Act 4 Social Impact
Béryl Bouvier Di Nota
Crédit photo : Ofi Invest Asset Management
Comment en êtes-vous venue à être gérante d’un fonds responsable ?
“Cela fait 20 ans que je suis dans la gestion où j’ai commencé par gérer des fonds globaux, et depuis 20 ans, le sujet de l’investissement responsable me préoccupe particulièrement. Ma formation d’économiste m’a d’abord poussée à m’intéresser à l’économie des pays en voie de développement, à la question d’une plus juste répartition de la valeur, d’une émancipation économique qui aille vers quelque chose de plus juste, de plus social et de plus équitable…
Je me définirais comme humaniste et écologiste…mais je travaille dans la finance ! La question s’est donc posée : comment exercer ce métier de gérant tout en ayant une contribution positive sur ces problématiques ?”
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un fonds à impact ?
“La première chose est que la performance n’est pas le seul et unique but. C’est tout le sens de la gestion à impact que je mets en œuvre avec ce fonds chez Ofi Invest AM : mettre au même niveau à la fois la performance économique et boursière et la performance environnementale et sociale. On est donc, avec la gestion à impact, à un cran d’exigence au-dessus de l’approche ESG, dans laquelle on s’intéresse à des critères permettant d’appréhender les risques extra-financiers. C’est de cette nouvelle approche qu’est née et qu’a été lancée la gamme Ofi Invest AM : répondre à la question “comment participer à une économie plus durable et plus juste ?” avec un objectif : générer de la performance ET de l’impact.
Cette question de l’impact social (que nous déterminons très finement pour chaque entreprise en créant des indicateurs d’impact basés sur la qualité du travail, la gouvernance, l’égalité des chances, la progression sociale…) se pose avec encore plus de force aujourd’hui, au sein d’une société qui vit de grands changements, notamment avec l’intelligence artificielle, la mobilité électrique…
Ma conviction est que les entreprises qui seront gagnantes demain sont celles qui ont la politique sociale la plus engagée, répondant à des enjeux sociétaux forts, comme l’emploi des jeunes, qui est une vraie question à l’heure actuelle.
Néanmoins, nous ne sommes pas des philanthropes. Ma conviction est aussi que l’épargnant qui a l’ouverture d’esprit de se dire “je veux investir dans des produits qui ont du sens”, eh bien, on se doit de lui donner de la performance.”
À noter : Ofi Invest Act 4 Social Impact a obtenu le 1er prix dans la catégorie “actions à impact social” des trophées de la finance responsable 2023.
Arnaud Bauduin, gérant d’Ofi Invest Actions Climat *
Arnaud Bauduin
Crédit photo : Ofi Invest Asset Management
Pouvez-vous nous parler du fonds que vous gérez, et comment avez-vous été amené à le gérer ?
“J’étais analyste avant de devenir gérant, et déjà ma philosophie était la suivante : les critères extra-financiers donnent une clairvoyance accrue sur la confiance qu’on peut accorder aux entreprises. J’avais ainsi identifié que la transition énergétique était une tendance forte, puis le changement climatique est devenu un sujet à part entière et le centre d’une action réglementaire forte au niveau international avec la COP 2015.
Mon fonds se compose d’actions d’entreprises européennes qui sont des acteurs de la transition. Il s’agit soit d’entreprises qui décarbonent leurs activités, comme L’Oréal, qui a par exemple baissé ses émissions de CO2 de 78 % depuis 2016 et vise le 0 émission en 2025. Il s’agit aussi de sociétés qui apportent à d’autres entreprises des solutions pour décarboner ou réduire leur impact environnemental. Parmi celles-ci, on peut citer Schneider Electric, qui conçoit des systèmes permettant d’électrifier les installations (usines, bâtiments de bureaux et d’habitations) et d’optimiser la consommation. On y trouve aussi Infineon, qui commercialise des semiconducteurs permettant d’optimiser les moteurs électriques des véhicules.”
* Ofi Invest Actions Climat est une part du fonds Ofi Invest ESG Equity Climate Change.
Les sociétés ne sont citées qu’à titre d’exemple, il ne s’agit ni d’une offre de vente ni d’une sollicitation d’achat de titres.
Comment faire pour réussir à contenir le réchauffement climatique, les dangers qui pèsent sur la biodiversité et plus globalement l’environnement mis en péril ?
“L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais aussi la sur-utilisation des ressources non durables. On n’est plus dans la prise de conscience, il faut que cela se concrétise, et au niveau des entreprises, cela se concrétise très nettement. Elles s’engagent et mettent des choses en place car elles sont sous l’influence et sous la pression des investisseurs que nous sommes, gérants de fonds comme moi, mais aussi, par rebond, des épargnants !
Concrètement, pour moi, cela passe par le fait d’interroger les dirigeants d’entreprise sur les aspects extra-financiers, les pousser à adopter une politique tournée vers la durabilité : sélectionner les investissements selon ces éléments contribue à faire évoluer la société et à préserver la planète !”
Nicolas Coulon, gérant du fonds Ofi Invest ESG Euro Investment Grade Climate Change
Nicolas Coulon
Crédit photo : Ofi Invest Asset Management
Quelle est votre conviction en tant que gérant d’un fonds responsable ?
“Je pense que le péril du changement climatique peut être évité, mais plus que pouvoir, j’utiliserais le verbe devoir : on doit l’éviter !
Il n’y a pas de "petits" efforts : tous les gestes comptent, y compris ceux du quotidien. Les pouvoirs publics et leur action de réglementation sont également très importants car c’est la réglementation qui pousse aussi la finance à changer les choses.
Cela fait plus de 12 ans que je travaille sur les marchés financiers, et c’est précisément la thématique ISR qui m’a amené à rejoindre Ofi-AM il y a près de 4 ans : en parallèle de mon activité de gérant, j’ai pris conscience du réchauffement climatique et j’avais la volonté de m’engager personnellement, d’agir face à ce péril. C’est pour cela qu’il était important pour moi de créer un lien entre mes convictions personnelles et mon travail, je n’aurais pas à en rougir devant mes enfants plus tard !”
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la gestion d’un fonds responsable ?
“Mon fonds est un fonds obligataire et non un fonds actions, il est en cela le pendant de celui géré par Arnaud (Bauduin, voir interview ci-dessus), sauf qu’au lieu de m’intéresser à la création de valeur de l’entreprise, je m’intéresse à sa solvabilité.
Un gérant ne gère pas son fonds comme il veut, il doit obéir à un cahier des charges, et un gérant qui a des convictions prend le process ISR non pas comme une contrainte, mais le comprend, y adhère et participe à son élaboration.
Il y a une chose déterminante à comprendre avec l’investissement socialement responsable (ISR), c’est la différence entre rendement et performance. Prenons l’exemple de la réduction des gaz à effet de serre et comparons-la aux travaux d’isolation d’une maison : cela a un coût certes, mais il ne faut pas se focaliser dessus car, à terme, cela va permettre de dépenser moins et in fine de gagner de l’argent ! Le rendement d’un fonds ISR sera peut-être un peu plus faible à court terme mais avec un peu de temps, sa performance devrait être meilleure. Le vrai élément de décision, c’est la performance sur le long terme !”
Sur les supports en unités de compte, il existe un risque de perte en capital supporté par l’épargnant. La valeur des unités de compte n’est pas garantie. Elle est sujette à des fluctuations à la hausse ou à la baisse dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.